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Il n’y a pas de télé à la maison. Je regarde la télé seulement chez mes grands-parents. Autant quand j’étais plus jeune, cela ne me dérangeait pas, autant quand j’ai grandi, c'était différent. Je le voyais quand je comparais avec les autres à l’école. A la pause, entre les cours ou alors à midi, dans la classe, on se regroupait en cercle et on discutait de ce qui s’était passé dans les actualités la veille, quelles étaient les dernières nouvelles. Mais je n’avais aucune idée de quoi les autres parlaient. Je ne regardais pas les nouvelles du journal télévisé. A part le journal 20min que je prenais à la gare en rentrant, je ne me tenais pas au courant de l’actualité. Être obligée de demander ce qu’il s’était passé la veille, chaque jour, c’était pénible. On dit qu’un cercle à ses points à distance égale du centre. Mais j’étais laissée derrière, je n’étais pas au même niveau que les autres. C’était même visible car je me tenais en retrait, pas totalement dans le cercle. Ils savaient quelque chose et moi pas. Et cette ignorance était flagrante car, j’étais obligée de l’étaler devant eux, si je voulais parler. Ce besoin primaire de l’être humain d’appartenir à une sorte de société se faisait ressentir. Discuter avec son entourage, faire partie d’un cercle d’amis. C’est ce besoin d’appartenance et cette curiosité qui m’a poussée à vouloir savoir ce qu’il se passait. Je ne voulais rien rater. J'étais poussée à me renseigner sur tout ce qui se passait. La récompense était un sentiment d’appartenance, de faire partie d'un cercle. C’est devenu un moyen de se connecter aux autres : connaître un peu sur tout pour avoir un sujet de conversation avec les autres.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                              CN