Marche ou stresse

J’ai une peur terrible du vide, de perdre mon temps, et de rater ma vie.

Le 23 Avril, j’ai fini la L2. Le 25 Avril, je suis partie pour Berlin pour faire un stage avec le Corps de Solidarité Européen. J’ai passé deux mois à faire tous les musées, tous les resto, tous les parcs, tous les concerts que conseillaient mes ami.es, ma famille, mes collègues, les guides, et ça en dépit de mon sommeil ou de mon portefeuille. Je suis encore frustrée de ne pas avoir pu TOUT faire. Le 25 juin, je suis rentrée en France, et j’ai passé quatre jours à m’occuper, à refaire ma chambre, à voir tous mes ami.es. Le 31 juin, je suis partie pour Béziers, j’y ai travaillé un mois. Je travaillais de 18h à minuit et restais debout jusqu’à 6h tous les soirs, pour ne pas rater une seule seconde de la vie circassienne que je n’allais probablement pas revivre. Le 1er août j’ai pris le train en pleurs, car j’avais peur de rater la vie d’août au camp. J’allais rater la feria, un mariage, des nuits sans fin, des anecdotes, des gens. Je suis arrivée à 18h30 à la gare de Lyon. Le 2 août, le lendemain, j’étais à 5h45 dans un train direction Prague. Je suis partie 20 jours en Interrail avec une amie et je n’ai pas laissé une seule seconde au vide. J’avais peur de rater des choses et de m’entendre dire en rentrant “quoi? t’as pas fait tel musée??” J’ai fait 5 pays, 8 villes, 11 gares, 13 trains, 4736 km, 58h50 de train, 2h30 de bateau, 6h25 de bus, 458000 pays, avec l’envie d’en faire encore plus. Le 20 août à 6h55 je suis partie de Vienne, et arrivée à 21h40 à Saint Brieuc. J’ai insisté pour aller en Bretagne voir ma famille quelques jours, sinon je m’en serai voulu. Le 25 août, nous sommes partis à 8h30, et sommes arrivés à 18h30 à Rock En Seine. Les Arctic Monkeys, mon groupe préféré, passait ce soir-là et il était hors de question que je rate ça. Le 26 août, à 6h, j’ai pris un train pour retourner à Béziers. Le 1er septembre, un train pour Paris.

Le 6 septembre, un train pour Saint Raphaël. Le 14 septembre, un train pour Paris. Quand j’ai appris que la rentrée était décalée de 2 semaines, mon premier réflexe a été d’être frustrée car si j’avais su que nous n’aurions pas cours en septembre, je serai allé à New York voir ma famille. A force de vouloir appartenir à tout, je n’appartiens pas à grand chose. J’ai peur de ce que j’ai raté, à force d’être autre part. Les choses que je n’ai pas vécu me manquent. 

 

BD